Tendresse printanière

Le bisse s’est rempli. Il coule délicatement, recouvert d’une sève dorée extraite des racines profondes de toutes mes consœurs. Une rivière d’or ruisselle à nos pieds. Elle reflète les rayons du soleil qui pénètrent la brume. Nous sommes enrobés dans un doux cocon, rideau léger qui ondule sous le coup de faibles brises. Les fleurs connaissent leurs premiers amours. Elles bourgeonnent en sortant de leurs gangues, encore fragiles. Elles ne résisteront pas aux frimas adolescents, s’ils décident de s’extirper de leur retraite. Leurs butineuses somnolent. Les ailes du désir se font attendre. Leurs pétales transmettent une fine odeur, élégant contrepoint au métal précieux liquide. L’air se pare d’épines pour les sens, alarmants, nouveaux et excitants. Le tendre gazon chatouille la rosée qui hésite à glousser. La sève afflue vers les extrémités qui grandissent. Elle réchauffe le lierre qui nous enserre. Elle pousse nos feuilles à se dévêtir, qui, pourtant, demeurent revêches. Elles n’osent pas se découvrir. Elles envient les pistils déjà à l’air libre, mais trouvent toujours une bonne excuse pour retarder leur éclosion.

Un peu comme nous,

à une exception près.

Je suis choyée. Ses bras m’entourent depuis des années, sans jamais fatiguer. Ses mains, posées sur ma croupe, malaxent, à intervalle irrégulier, mes fesses. Elles alternant entre douces caresses et une poigne plus ferme. L’hiver fut délicieux, à moitié endormie et constamment rassurée par cette présence, jamais inquisitrice à l’excès, mais se remémorant à mon bon vouloir. Ses cuisses ceinturaient ma jambe gauche, avec un rappel qui durcissait et redescendait en lent va-et-vient. Sa respiration rejoignait la mienne, dans ce qui se transformait en un ballet au ralenti. Une attention ici, une paume posée là, une accélération, toute relative, un pincement, de ma part, sur la partie charnue de son anatomie, une réaction, par bouffée, sur mes tétons, puis un repos de quelques cycles, le derme émoustillé, son gland vibrant, une brise sur le lobe de mon oreille, un souffle sur le sien, un minuscule râle pour ne pas déranger ceux qui nous entourent.

Un sourire se dessine sur ses lèvres. Ses attouchements se font plus insistants, douces plumes sur mon coquillage, toujours aussi lascives. Sa respiration devient plus profonde et la mienne la rejoint. Son expiration exhale le nougat. Il me saisit la fesse droite. Il l’enserre presque entièrement dans sa main. Je caresse, d’un doigt, son pli fessier. Son membre se durcit plus intensément que durant les longs mois d’hiver. Il effectue quelques va-et-vient contre ma peau. Les extrémités de ses phalanges plongent plus en arrière, effleurant ma vulve. Je sens le sang darder dans son prépuce. J’étouffe un rire, confuse, puis me reprends avec un large sourire. Nos alentours se concentrent sur leurs propres affaires. Nous avons le ciel et la forêt pour nous. Nous les oublions sous les caresses. Je glisse ma main entre nous. La peau de son sexe demeure toujours aussi douce. Les aspérités de ses veines ressortent sous les effleurements. Un de ses doigts s’aventure plus en profondeur. Je gémis. Il me sourit, heureux de ma béatitude, puis il enfouit sa tête dans mon cou. Ses expirations me donnent la chair de poule. Je lève mes jambes pour enserrer son basin, l’une après l’autre. Je me penche légèrement en arrière. Il introduit son gland, délicatement, et c’est à son tour de soupirer. Nos visages se font face. Nous nous embrassons langoureusement. Il continue à me pénétrer, centimètre par centimètre, le plus lentement possible pour faire durer l’attente. Il me remplit de contentement. Je l’entoure de volupté. Je sens ses hanches contre les miennes. Le lierre nous couvre et nous enserre pour s’assurer que notre étreinte ne se relâchera pas.

Nous expirons, simultanément. Nos lèvres se retroussent en sourire. Je me soulève pour effectuer, à mon tour, ce va-et-vient. Le printemps s’éveille à nos sens, suivant nos pulsions.

Hagiodendros existe en version papier. Un livre d’art de 1.7 kilos qui bloque les portes, cale les tables et fournit des heures d’émerveillements sans fin.

Pour obtenir votre exemplaire envoyez un courriel à l’éditeur.

Prix : 60 CHF / 57 € (frais de port compris)

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